Sessions

Effondrement : habiter les ruines

Coordination : Olivier Labussière (CNRS, Pacte)

 

La notion d’effondrement interroge la vulnérabilité et / ou la finitude de ce, celles et ceux sur quoi (ressources, écosystèmes, forces productives…) nos sociétés prennent appui pour se développer. Si la notion a pu faire l’objet de travaux historiques, elle réintroduit dans le débat contemporain consacré à l’Anthropocène une attention pour les conséquences écologiques, économiques, sociales de nos modes de vie. L’attention pour ces dimensions cumulées invite à mettre la focale sur les situations de rupture et de crise que vivent aujourd’hui les sociétés.

La notion même d’effondrement renvoie à une diversité d’approches (théologique, survivaliste, géoconstructiviste…) qui ne problématisent pas de la même façon ces enjeux, les inégalités et les responsabilités, les dimensions temporelles et spatiales qui les sous-tendent. Elle peut d’ailleurs être contestée et interrogée, si l’on observe l’usage parfois instrumental qu’il peut être fait de l’idée même de la « fin » d’un monde.

Plus qu’à une exégèse de la notion, ce panel propose d’aborder les questions suivantes: comment habiter en situation d’effondrement ? Comment agir ici et maintenant ? Au-delà d’un imaginaire fataliste et paralysant, quels collectifs, imaginaires et formes d’action expérimenter ? Ce questionnement interroge aussi la place des chercheur.e.s et leurs capacités d’ouverture à des savoirs et des luttes situées.

 

Intervenant.e.s

Diego Landivar, Origens Medialab

Pierre-Yves Longaretti, INRIA / STEEP

Alexandre Monnin, Origens Medialab

Stéphane Sauzedde, Directeur de l’Ecole Supérieure d'Art d'Annecy Alpes

  

Politiques de la terre

Coordination : Pierre-Olivier Garcia (UGA, Pacte), Céline Granjou (Irstea Grenoble)

 

L’objectif général du panel Politiques de la terre (avec un t minuscule) est de mettre en partage des intérêts de recherche cherchent à réintégrer un regard sur le ‘dessous’ dans les débats sur l’Anthropocène. Dans l’idée que c’est la verticalité stratifiée des sols et des sous- sols qui fournit les matières variées rendant possible la vie humaine (via diverses pratiques d’extraction minière et d’exploitation agricole : cf. notion de ‘géopolitiques des strates’ proposée par Nigel Clark), le panel s’intéresse ainsi à de multiples secteurs et formats d’activité concernant les terres, les sols et les sous-sols, incluant : les enjeux de propriété foncière, exploitation agricole, et aménagement des territoires, la production de savoirs et classifications pédologiques, les activités et expertises des industries d’extraction minière et d’exploitation énergétique, les politiques de stockage et comptabilité carbone, les politiques de restauration des sols et de gestion des pollutions, les savoirs paysans et jardiniers, ou encore la conservation de la nature... 

L’objectif du panel est moins de présenter des résultats que de partager des intérêts, des questionnements, des intuitions et des postures de recherche et de faire émerger des liens et dialogues possibles. Pour cela, nous proposons trois grandes directions de réflexion : 

• Comment les spécificités propres à la matérialité et aux formes de vie souterraine interpellent-elles et réinterrogent-elles un certain nombre de catégories forgées pour rendre compte des pratiques, organisations, modes de pensée et rapports à l’environnement épigée (du ‘dessus’) ? Comment par exemple demandent-elles de revisiter les cadres et l’idée même de conservation de la nature pour pouvoir penser les particularités d’une conservation des sols et de ce mélange unique de vivant et de matière ainsi que les processus de décomposition qui les constituent ? comment le sol, dans son unicité et son hétérogénéité spécifique, questionne-t-il les catégories et les métriques qui participent de l’organisation de la propriété, de l’exploitation, de l’extraction et de la gestion des ressources naturelles ? Quels défis particuliers son opacité et son invisibilité posent-elles aux entreprises de connaissance, de mesure, de contrôle et d’exploitation ? Enfin, comment les pratiques de connaissance, classification, exploitation et (re-)construction des sols et des sous-sols questionnent et re-visitent le dualisme entre nature et culture ? Comment les diverses initiatives de réhabilitation des sols industriels, remédiation des sols pollués ainsi que l’essor des jardins et de l’agriculture urbaines, ainsi que les nouvelles classifications (anthroposols, technosols) font-elles bouger la division nature/culture, ville/campagne, et plus largement les rapports à la nature et à l’environnement ? 

• Comment situer la place des sols et sous-sols dans le mouvement de construction de l’‘environnement global’ qui s’est imposé depuis les années 1970 et 1980 notamment, à la faveur de la constitution des grandes interfaces science/politiques type GIEC et des grandes infrastructures technoscientifiques de monitoring environnemental (observatoires, bases de données etc.)? Dans quelle mesure et par l’intermédiaire de quelles infrastructures le sol comme ressource mondiale globale est-il devenu objet de savoir expert et de gouvernance internationale ? Quelles métriques et opérations ont-elles par exemple permis la construction des sols et des sous-sols comme un stock global de pétrole ou de carbone, comme un puits infini de matières premières ou container inerte de déchets variés (des déchets domestiques aux déchets nucléaires en passant par le surplus de carbone issu de la combustion des énergies fossiles) ? Enfin, comment cette globalisation de la pensée et de la gestion des sols entre-t-elle en tension avec des approches et des savoirs attentifs à la diversité située des terres, des sols et des sous-sols et à leur connectivité avec des formes de vie particulières, localisées ou territorialisées ? 

• Dans quelle mesure le travail de recherche sur ces diverses thématiques implique-t-il une réflexion spécifique sur le ‘terrain’ en sciences sociales ? Quels sont les dialogues, croisements ou tensions possibles entre les dimensions et les matérialités du sol travaillées par les acteurs étudiés et la constitution de son ‘terrain’ par le géographe, le sociologue, ou le politologue ? Quel sens peut avoir la confrontation ou le rapprochement des divers mécanismes de ‘localisation’ à l’œuvre lors de l’observation des pratiques de connaissance, de mesure, de gestion, d’extraction, ou d’exploitation des terres, des sols et des sous-sols? 

 

Intervenant.e.s

Stéphanie Barral, INRA / LISIS

Pierre-Olivier Garcia, UGA / Pacte

Julien Merlin, CNRS / Pacte

Germain Meulemans, Centre Alexandre Koyré

 

Pistes animales

Coordination : Isabelle Arpin (Irstea Grenoble), Marc Higgin (Irstea Grenoble, Pacte), Coralie Mounet (CNRS, Pacte)

 

Alors que la présence et l’activité animales dans nos paysages quotidiens revêtent un caractère d’évidence pour les spécialistes académiques ou vernaculaires des espèces animales, végétales et de leurs interactions, les sciences humaines et sociales, dans une vision moderne, ont porté peu d’attention à la capacité des animaux à (inter)agir au sein des sociétés. Les sciences humaines qui s’inscrivent dans le courant des humanités environnementales, s’intéressent aujourd’hui aux socialités plus qu’humaines, tentant de faire entrer les non-humains dans les sciences sociales et de prendre ainsi en compte les contributions des humains et des non-humains à la fabrication/composition des mondes et des paysages. 

Cette session rassemblera des chercheur.e.s en sociologie, anthropologie, géographie, lettres et arts et l’ensemble du  « public » présent à ces journées pour discuter de ce que fait le point de vue plus qu’humain à nos recherches et à nos vies quotidiennes et pour explorer quatre thématiques transversales, introduites par le visionnage d’extraits de film. 

Pour permettre un mode le plus participatif possible, il est d'ores et déjà proposé aux personnes présentes dans le « public » de réfléchir en amont aux quatre thématiques transversales qui seront abordées (contamination animale, présence animale, mort animale, protection animale) et éventuellement à diverses manières de les introduire (lecture de texte, visionnage de vidéo, écoute de morceaux de musique, exposition d’objets / de photos, etc.).  

 

Intervenant.e.s

Isabelle Arpin, Irstea Grenoble

Marc Higgin, Irstea Grenoble/Pacte

Jérôme Michalon, CNRS/Triangle

Coralie Mounet, CNRS / Pacte

Jacopo Rasmi, UGA/Litt&Arts

  

Matérialités critiques

Coordination : Séverine Durand (UGA, Irstea & Pacte), Marie Forget (USBM, Edytem)

 

Cette session propose d’investir la question des matérialités selon les formes multiples qu’elle peut prendre au travers de nos rapports au monde. Pour cela, elle entend ouvrir la discussion à une diversité d’approches et de traditions intellectuelles. 

La notion de "matérialité" est ici abordée comme ce qui touche aux liens complexes entre les systèmes socio-économiques et socio-écologiques formant notre monde. Ce "monde" prend sens dans un engagement perceptuel continu de l’individu avec la matérialité qui le compose (Ingold, 2013). La session abordera ces relations entre les humains et leurs environnements au travers de collectifs et situations sociales variés. 

Parmi la multitude de formes que peuvent prendre ces rapports entre l’homme et la matière, les échanges aborderont certaines de leurs dimensions et interrogeront leur caractère « critique» à l’heure de l’Anthropocène. Deux angles de discussion sont proposés: 

Le premier interroge la « criticité » en référence à la constitution de certaines matières premières comme des « ressources ». Le caractère « stratégique » de ces matières premières évolue dans le temps en fonction par exemple des « solutions » techniques envisagées par les Etats pour atteindre leurs objectifs climat-énergie. Il s’agit donc d’interroger les flux de matières et l'évolution de leur caractère stratégique / critique en prêtant attention à l'évolution de leurs qualités et des pratiques de qualification qui les sous-tendent. Il s’agit de comprendre par exemple les formes d'agir au monde (modes de vie, modes de production, modes de consommation) qui sous-tendent ces processus de construction de la matérialité comme une « ressource ». De même, il s’agit de décrypter les formes de gouvernementalité qui président au contrôle de ces flux de matière et les injustices environnementales qu'elles suscitent. Le rapport à la matérialité pourra encore être interrogé à travers les enjeux de construction identitaire (valeurs,imaginaires, perceptions associées à ces réalités matérielles) au sein d’une même aire culturelle par exemple. 

Le second convoque davantage les registres perceptifs, corporels et esthétiques et ouvre aux dimensions sensibles, phénoménologiques du rapport à la matière, que ce soit dans des perspectives pratiques (respirer, vivre dans un univers pollué..) conceptuelles (enveloppe corps-extériorité, …) et/ou artistique (explorer la plasticité de la matière).  Les formes d'agir au monde interrogées ici ont la spécificité du passage par l'esthétique et le sensible.La « criticité » peut alors être envisagée sous l’angle des expériences sensibles qui nous sont nécessaires d’inventer et d’expérimenter pour apprendre à co-habiter avec les matérialités changeantes qui composent le monde.

 

Intervenant.e.s

Yves Monnier, Plasticien

Hélène Schmutz, USBM / LLSETI

Fanny Verrax, INSA Lyon / EVS

 

Ecoféminismes : des luttes et des savoirs environnementaux

Coordination : Céline Bonicco (ENSAG, AUU-Cresson), Jérémy Damian (UGA, Pacte), Claire Revol (UGA, Pacte) 

 

Cette table ronde propose de mettre au travail plusieurs objets de recherche des humanités environnementales à partir de perspectives offertes par l(es) écoféminisme(s), mouvement(s) d'émancipation conjointe des femmes et de la nature. 

Qu'il s'agisse de mettre en visibilité le caractère genré des situations d'exploitation de la nature dans leurs rapports aux crises environnementales globales, d'enquêter sur des luttes environnementales ou de porter d'autres regards sur des chemins transitionnels qu'ils soient sociétaux ou techniques, l(es) écoféminisme(s) envisagent ensemble les structures sociétales répressives du féminin et de la nature. 

Alors que les courants féministes et les études de genre se sont attachés à remettre en question le caractère naturel des identités genrées, le(s) écoféminisme(s) mettent en question « l'évidence de la nature, comme donnée intemporelle et universelle » (Larrère, 2015), laissant place à des sensibilités et à des pratiques marginalisées (sorcellerie, magnétisme...) et travaillant ainsi à complexifier nos lectures des rapports nature/société.

 

Intervenant.e.s

Joanne Clavel, CNRS / Ladyss

Stéphanie Dadour, ENSAG / MHA-EVT

Marlène Jouan, UGA  / PPL

 

Passeurs d’humanité : migrations environnementales, politiques d’inimitié et imaginaires instituants

Coordination : Yvan Renou (UGA, CREG)

 

L'enjeu de cette session sera de caractériser dans une perspective interdisciplinaire les déterminants de l’accentuation des vulnérabilités socio-environnementales à l’origine de migrations humaines et d'identifier les leviers politico-économiques à actionner afin de refonder culturellement une politique de l’accueil et de l’entre-aide.  

La notion de "passeurs d'humanité" se comprend dès lors de manière originale : elle se réfère à des logiques d'action qui, cherchant à construire des alternatives aux politiques d'inimitié, mobilisent des "passions sociales" au service d’imaginaires instituants à mêmes de renouveler les rapports entre nature et culture. Il s'agira ainsi de penser non seulement les migrations "de" ou "pour" l'environnement mais, également, les ressources que procurent l'environnement "pour" les migrations.

 

Intervenant.e.s

Lucie Brunet, co-gérante de l'association Tero Loko

Cristina Del Biaggio, UGA / Pacte

Adèle de Mesnard, Université de Lyon 3 / IDE

Emilie-Anne Pépy, USMB / LLSETI

Adeline Rony, co-gérante de l'association Tero Loko  

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